Dans la peau d'une nouvelle maman
Je découvre depuis un peu plus de deux mois maintenant l'état de "nouvelle maman", avec ses côtés positifs et ses côtés qui le sont un peu moins.
J'ai une fille !
Et oui, cela fait pourtant plus de deux mois que Faustine est née mais j'ai encore un peu de mal à réaliser que je suis maman et qui plus est, maman d'une petite fille.
J'ai toujours cette impression qu'on va me dire un jour : "Merci beaucoup de vous être occupée de cette petite puce. En plus, elle est en pleine forme, c'est super. Maintenant, on va la récupérer !"
Au fur et à mesure, je me fais à l'idée que je suis maman, mais j'avoue que parfois, j'ai l'impression que ce n'est qu'un rêve et que le réveil serait difficile.
La découverte jour après jour
C'est super d'être une jeune maman. Je découvre les progrès que fait ma petite puce tous les jours. J'ai l'impression de la voir grandir jour après jour. J'essaie de garder toujours en mémoire les premiers instants de sa vie : sa toute petite taille, ses toutes petites mains, ses jambes toutes fines. J'essaie de garder ces repères pour pouvoir mieux apprécier à quel point elle grandit. Maintenant, elle s'est remplumée, elle a de plus grosses joues qui permettent un meilleur attérissage des attaques de bisous, elle garde les yeux grands ouverts plus longtemps dans la journée, elle me fait de grands sourires... elle est trop mignone ! (ok, j'ai 0 gramme d'objectivité, mais je m'en fous !)
Mon inconscient et tous ces éléments oniriques
Malgré le fait que j'aime beaucoup avoir un enfant, m'occuper de ma fille, la découvrir de jour en jour, je me rends compte que c'est un bouleversement pour mon inconscient. Je n'ose à peine exprimer mes rêves ou plutôt cauchemars que je fais. Je vais tout de même me lancer : je la vois noyée dans son bain, ou étouffée dans son lit, kidnappée par des inconnus... parfois je me réveille avec des sueurs froides. Ca m'arrive aussi d'aller à pas de loup dans sa chambre pour vérifier qu'elle est toujours là et qu'elle respire encore...
Alors, qu'est ce que ça veut dire ?! J'ai pourtant fait trois ans de psychanalyse, mais là, bizarrement, je n'ose pas trop faire d'introspection... Est ce que ça veut dire que j'ai peur qu'elle meurt ? Est ce que j'ai l'impression que ma liberté est coupée et mon inconscient veut la supprimer pour retrouver la vie d'avant ? Mais pourquoi ?! Est ce simplement un changement important dans ma vie et mon inconscient est moins adaptable que je ne le croyais ?
Comme vous pouvez le remarquer, je dois être un peu schysophrène sur les bords, je vis avec moi et mon inconscient ;-)
Ma vie de mère au foyer
Avec la naissance de leur(s) enfant(s), certaines femmes sont ravies de pouvoir poupouner, rester à la maison à s'occuper de leur petit bébé et ont envie de vivre une vie de mère au foyer à part entière. Et bien, moi, ce n'est pas spécialement le cas.
Normalement, j'aurai dû reprendre le boulot le 5 novembre. Là, ok, ça aurait fait peut être un peu trop tôt pour moi. Elle est encore toute petite, j'aurais peut être eu du mal à l'abandonner pour aller au boulot. Du coup, je vais pouvoir profiter d'un mois de congé parental et de tous mes congés payés et autres RTT que je n'avais pas posés pour revenir au boulot le 19 Janvier.
C'est cool, je vais pouvoir profiter de voir grandir ma fille, mais je pense que je vais être contente de pouvoir reprendre le boulot. Je me rends compte que j'ai besoin d'avoir une vie sociale, une vie professionnelle.
Je ferai surement moins la maline quand j'aurai repris le boulot et que je ne verrai presque plus ma fille de la journée... mais en attendant, j'ai un peu l'impression d'être un lion en cage dans mon appartement. Peut être que ce serait différent s'il faisait beau et chaud et qu'on pourrait aller tous les jours dehors, si je pouvais bouger un peu de chez moi pour aller voir de la famille, des amis (vive les grèves de la SNCF et la pénurie d'essence...)
Des questions toujours sans réponse
Ce qui me laisse le plus perplexe dans cette histoire, c'est que je pensais que la maternité allait me transcender. J'allais me réveiller en me disant "Mais oui, Babs, maintenant, tu sais ce que tu veux faire dans la vie." avec la petite ampoule au dessus de la tête, comme dans les BD. Et bien non, cette ampoule ne s'est pas allumée. Je reste la femme que j'ai toujours été, avec ses interrogations, ses angoisses, ses crises de larmes. J'ai envie de reprendre le boulot, de changer de poste mais je ne sais pas exactement pour quoi ; j'ai envie de changer d'appartement parce que le notre est trop bruyant; j'aimerai avoir une maison, mais où ? puisqu'à Paris et dans la région parisienne ce n'est financièrement pas possible pour nous; en plus cela voudrait dire qu'il faudrait changer de boulot...
Bref, je voudrais le beurre et l'argent du beurre...
Le don de soi
Je pense que tous ces doutes viennent peut être du fait que vivre avec un nourisson, c'est devoir donner. Et le don de soi, c'est aussi faire une certaine abnegation de soi. Comme le disait si bien Florent Pagny, c'est donner sans attendre, ne rien faire qu'apprendre, apprendre à aimer...
Ce don nécessite une énergie assez importante pour moi et j'ai parfois besoin de recharger mes batteries, de pouvoir recevoir également pour pouvoir mieux donner. Heureusement mon chéri comprend ce besoin viscéral que j'ai en moi et parfois ne me pose pas trop de questions quand je lui dis que j'ai juste envie qu'il me prenne dans ses bras et qu'il me fasse un câlin.
Finalement, toujours la même...
Je me rends compte que je reste toujours cette femme qui a derrière elle presque trente ans de vie avec ses joies, ses bonheurs, ses angoisses. Je continue toujours à paniquer à chaque changement de situation, à chaque étape de vie.
J'aspire à du mouvement dans ma vie, à des changements, mais chaque nouvelle étape est l'occasion de repartir à zéro. Du coup, je ne maitrise plus tout ce qui m'entoure, je n'ai plus tous mes repères et là, c'est une situation qui génère particulièrement des angoisses pour moi. Mais bon, au fond, je me dis que je vais m'adapter à cette nouvelle situation. Et surtout je me rends compte que je suis heureuse !
PS : Merci d'avoir suivi ma petite psychanalyse par écrit... Je vous dois combien ?!
PS2 : Ne vous méprenez pas, je suis très contente d'être la maman de cette petite Faustine, et je n'oublie pas par où je suis passée et à quel point j'ai voulu l'avoir cette petite et à quel point je suis heureuse qu'elle soit là. J'aime ma fille !